Disney world Orlando : récit d’un voyage en enfer

Ma famille et moi avons voyagé en Floride pendant la semaine du jour de l’an. Miami, les Everglades, les Keys, puis Disney world Orlando pour faire plaisir au petit dernier – 5 ans – qui est un fanatique des parcs d’attraction.

J’aurais du me méfier lorsque j’ai constaté à quel point il était difficile, sur le site web de Disney, de réserver autre chose que le forfait hebdomadaire, plutôt que les 3 jours dont nous avions besoin. Il a fallu que j’envoie un mail à un revendeur pour découvrir la page cachée ou il était possible de trouver cette offre. Pour 6 personnes, j’ai déboursé plus de 2000 euros juste pour les droits d’entrée sur les parcs. Forcer quasiment les gens vers un forfait de 7 jours est un marketing agressif dont on peut se demander s’il est bien légal.

M’étant renseigné, je savais que c’était la saison haute et qu’il fallait s’attendre à faire la queue aux attractions mais j’étais loin de me douter de l’enfer dantesque qui nous attendait.

Le site est impressionnant par sa taille, les différents univers sont reliés par autoroute, cars, bateaux, trains… Les transports sont plutôt bien conçus. Notre hôtel Disney était industriel mais correct. Le soir de notre arrivée, il s’est avéré impossible de trouver un restaurant au débotté sur le parc d’Epcot, tous étant réservés et complets. Il nous fallut 30 minutes de recherche pour obtenir une table, et nous avons encore attendu notre nourriture, plutôt médiocre, plus de 30 minutes…

Je savais qu’il fallait se lever tôt pour profiter de la fréquentation moindre à l’ouverture et se donner le temps de visiter tous les univers en 3 jours. Malgré la difficulté de secouer mes enfants, et 30 minutes passés dans les embouteillages, nous sommes arrivés au premier univers, le plus emblématique, Magic World, peu avant 10h, pour découvrir une foule compacte à l’entrée, et la nécessité de récupérer nos pass. Une information que je n’avais pas vue lors de la réservation, comme de nombreuses autres personnes apparemment… Encore 15 minutes de queue pour une opération que j’aurais pu faire à l’hôtel la veille, si on avait bien voulu me donner quelques conseils. Rien de grave. Malgré la foule, l’ambiance est bon enfant. Le soleil est au rendez vous. Nous entrons. La foule n’est pas seulement concentrée à l’entrée mais partout. Compacte, elle s’apparente au métro à l’heure de pointe. Dans ces conditions, difficile de profiter de sites pourtant bien conçus dans lesquels il serait agréable de se balader dans des conditions normales.

disney-world-crowds-busy-castle-laurie

Nous arrivons aux premières attractions et là c’est le choc. Les temps d’attente sont déjà estimés entre 1h  pour les petites attractions, et 2h30, voire plus, pour les attractions populaires. Et là, nouvelle découverte, il est possible de réserver des places dans les files d’attente « express », aux créneaux horaires disponibles, pour quelques attractions par jour. Et nous aurions pu le faire depuis 30 jours. Les attractions intéressantes sont déjà complètes pour toute la journée. Nous sommes donc condamnés aux files d’attente de plusieurs heures. J’ai cherché en vain le mail que j’avais manqué et qui expliquait ce système indispensable pour profiter un minimum des attractions. Aucune information saillante dans les messages de réservation. Aucune alerte 30 jours avant notre arrivée pour nous rappeler de faire ces réservations. Vu le prix, une telle désinvolture est dure à avaler. Cela ne peut être que volontaire, une manière de gérer le trop plein en sacrifiant consciemment les personnes les moins aguerries à ce système de planification quasi-militaire. Il faut être venu au moins une fois pour connaitre et comprendre ce système, pour la visite suivante… La première visite n’est qu’un bizutage. Le plus couteux du monde.

disney most expensive day ever

Nous avons donc occupé nos journées à faire deux queues par jour, de plus de 2 heures 30, pour les attractions que voulait faire notre plus jeune enfant. Impossible de faire comprendre à un enfant de 5 ans qu’il ne peut pas faire une attraction parce que la queue est estimée à près de 3 heures. Pour une attraction de quelques minutes. Une épreuve insensée qui s’apparente à du sado-masochisme. Les ainés, écoeurés par la première journée, sont restés à l’hôtel pour le reste du séjour…

La seconde journée, grâce aux bons conseils d’une employée compatissante, j’ai réussi à convaincre une partie de ma famille de se lever aux aurores pour profiter des « heures magiques » réservées aux invités des hôtels Disney, une heure avant l’ouverture officielle du parc. Là encore, on ne m’avait rien dit de cette possibilité lors de la réservation des hôtels ou à l’accueil. Alors qu’il faut mettre en œuvre une organisation militaire pour profiter un minimum de son séjour, la pédagogie est inexistante. Le darwinisme appliqué à la gestion du flux et à la relation client. Il a fallu que je me plaigne amèrement pour bénéficier du précieux conseil. Nous avons pu faire deux attractions avant l’arrivée de la foule, entre 8 et 9 heures du matin… Les vacances comme une discipline sportive et monastique mais au prix d’un hôtel de luxe dans l’océan indien.

Mon fils de 5 ans, plutôt bon public en général, n’a pas été impressionné par des attractions qui sont plus douces et plus courtes que dans les parcs normaux que nous fréquentons assidument avec lui. Là encore, il faut gérer le flux, au plus vite. Productivité maximale.

Pour résumer, c’est excessivement cher (tickets, hôtels, restaurants… j’ai vu un Papa avec un T Shirt « Most expensive day ever »), la fréquentation est extrême – au moins deux fois supérieure à ce qu’il faudrait pour rendre le séjour supportable -, et les attractions sont décevantes. Le seul critère semble être le profit maximum – et je suis un fervent défenseur du capitalisme – mais ici il y a clairement un déséquilibre avec le souci de la satisfaction du client. On est très loin des valeurs humanistes prônées par les films Disney. Obliger des parents et des enfants en bas âge à faire la queue pendant 3 heures est cruel. Immoral. Choquant. Il faut vraiment être un salopard sans foi ni loi pour oser infliger cela à ses clients. Disney est pourtant une compagnie très profitable, qui pourrait se permettre de limiter la fréquentation de ce parc en saison haute, et donc ses profits, en misant sur la fidélisation de ses clients.

Après avoir ruiné Star Wars, la saga de mon enfance, Disney a ruiné mes vacances, avec les 3 jours les pires et les plus couteux de ma vie touristique, et de (très) loin. Je ne leur pardonnerai jamais, et ferai tout pour éviter de leur acheter quoi que ce soit à l’avenir. En partageant mon expérience, je cherche à éviter à d’autres de s’auto-infliger cette purge ruineuse, et tellement décevante pour les enfants. Vous pourriez y aller en basse saison, mais le rapport coût / attraction ne le justifie pas. Les parcs Astérix ou Efteling (Pays-Bas) sont plus amusants, et humains, pour beaucoup moins cher.

disney greedy evil

Après ce séjour désastreux, j’ai envoyé un mail au service client pour me plaindre et demander un remboursement. Je n’ai jamais eu aucune réponse. La qualité de la relation client aura donc été catastrophique du début à la fin, à l’exception des employés qui parviennent à garder le sourire. Au prix des tickets, c’est injustifiable.

Si vous cherchez le stage de survie le plus cher du monde, Disney world Orlando est pour vous. Si vous voulez juste prendre du bon temps avec vos enfants, évitez cet enfer à tout prix. Disney, il y a mieux, mais c’est moins cher.

Boston sort un nouvel album : le classic rock US au top

ImageDans l’indifférence générale, je continue ma petite série sur les dinosaures de l’Arena rock américain, aussi monstrueusement populaires chez eux que méconnus en France. Après ASIA, (re)découvrons ensemble BOSTON, à l’occasion de la sortie de son 6ème album – Life, love, hope – en 37 ans de carrière !

Pourquoi ces groupes n’ont-ils jamais percé en France ? Il y a dans cette musique une « innocence », un optimisme, une simplicité, qui n’appartiennent qu’à la culture américaine. Une musique qui donne la pêche. La bande son parfaite pour rouler en mode « cruisin’ » sur le « highway ». Bref, c’est la musique du rêve américain. Quand on demande à Tom Scholz, le compositeur et multi-instrumentiste de BOSTON, la raison d’être de sa musique, il répond « Pour que les gens soient de meilleure humeur après l’avoir écoutée qu’avant ». Pari réussi. Mais apparemment, l’optimisme, la joie de vivre, ce n’est pas assez intelligent et profond pour les Français…

Boston Third StageMa première rencontre avec Boston date de 1988, avec la sortie de l’album Third Stage. Après 10 ans de silence, c’est un événement d’après les magazines que je lis de A à Z à l’époque. Je suis en période d’achat boulimique de musique. La pochette est superbe. J’achète. Première impression : de la soupe commerciale surproduite. J’accroche tout de même sur les mélodies imparables de certains titres et sur ce beau son caractéristique. Mais j’ai 19 ans et suis en recherche de sensations fortes. Après quelques écoutes intéressées, la cassette sera peu à peu oubliée dans un coin.

boston bostonVingt ans plus tard, chez mes parents,  je tombe par hasard sur le vynil du premier album -Boston- qui date de 1976. Et là, grosse baffe d’entrée : « More than a feeling », le hit le plus connu du groupe. Un titre imparable, que l’on a tous entendu. Le reste de l’album est à l’unisson. Résultat : 17 millions de disques vendus, l’un des 1er albums les plus « successfull » de l’Histoire du rock (Boston a vendu plus de 30 millions de disques dans toute sa carrière !). Dans la foulée, je me procure également le suivant -Don’t look back (1978)- presque aussi bon.

Tom-Scholz-and-Gary-Pihl-ba Comme tous les grands groupes, Boston a inventé un style particulier : des murs de guitares, une voix claire, des solos ciselés, des harmonies sublimes, des petites touches de progressif, un côté rock vintage attachant, le tout hyper mélodique et très produit (Tom Scholz est un perfectionniste maladif qui passe en moyenne 3 à 6 mois sur chaque chanson). Certains diront que c’est commercial. C’est vrai que ni le son des guitares, ni la voix du chanteur n’agressent l’oreille. Bien au contraire. On est davantage dans le domaine de la caresse sonore que du coup de poing. Pourtant, c’est du rock mélodique « classieux », pas de la soupe inondée de clavier.

Depuis la sortie du dernier album, découvert par hasard sur iTunes, j’ai également téléchargé les précédents : Corporate America (2002) et Walk on (1994) dont la sortie m’avait échappé. Tous excellents. Depuis quelques jours, l’ensemble de la discographie tourne en boucle. On ne se lasse jamais de la bonne musique exécutée avec talent.

Si vous aimez le rock. Si vous aimez l’Amérique. Vous aimerez Boston.

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Walk-On

How to create an efficient IT ecosystem from scratch ?

Helping Georgian and Ukraine officials to visit France and receive foreign VCs delegations to their countries, in order to develop their germinal local IT industry, i had the opportunity to collect a few ideas about the gentle art of creating successfull IT ecosystem. Thanks to all the experts who shared their ideas and experiences.

Preliminary questions

Is it possible to create an IT ecosystem from scratch ?

It’s possible but it’s a long process. Each step must be taken in the right sequence / order.

For example, in France, it’s been 13 years since the IT startup movement took off, and it’s still fragile, facing funding problems. Even if 2000 to 3000 startups are set up every year in France, none of those has yet experienced worldwide success, and only a few have reached a European dimension.

Is it possible for a small country to experience international success on the IT market ?

The example of Israel shows it’s possible. Estonia is also on the right path. Israel startups received a powerful initial booster from the Israeli army’s technological needs and funding capacities. The first IT success stories have allowed business angels to invest in the Israeli IT ecosystem and fund new startups. In France also, the first generation of IT successful businessmen have become the main early investors in IT startups. Many Israeli businessmen who developed IT startups used to work abroad, but following their success, many of them came back to Israel to invest and set up new companies.

What are the 3 major components of an efficient IT ecosystem ?

  1. A business and innovation-friendly regulatory and fiscal system
  2. Adequate human resources through an effective education system
  • Technicians
  • Entrepreneurs
  1. A strong funding chain

Other factors :

  • Entrepreneurship mentality and skills
  • Efficient infrastructures
  • Coaching networks: mentors, business angels, incubators, accelerators…
  • Relevant market strategy
  • Strong support from the State
  • Local IT community
  • International support network

1. A friendly REGULATION

  • A business and innovation friendly environment:
  • Tax efficiency and incentives
  • Legal protection of capital, technologies and patents

An investor wants to make sure that the value of his investment (technology assets) will be protected, and that he’ll be able to get his money out of the country without undergoing complex tax process.

A startup is fragile. It must grow as quickly as possible to experience international success. In this perspective, it needs to maximize its profits in order to recruit, invest in R&D, make mistakes without vital consequences, etc.

A friendly environment is not the only prerequisite. It must also be the best in the region to encourage and attract local and foreign entrepreneurs and investors.

Many countries have adopted a radical strategy that is a zero taxation policy for IT business for the first 10 years of their activity. This is the best way to encourage innovation and its highly risky investments.
The legal protection of technologies and patents will be very important for international investment funds, but it’s not a short term issue.

2. An adequate EDUCATION

Skilled engineers aren’t sufficient to make a startup successful, entrepreneurial skills are also crucial to develop this particular type of business. Indeed, one must not only support the enterprises, but also the individuals, the entrepreneurs and in this perspective, enhancing entrepreneur’s skills is essential.

Improving entrepreneur skills

To succeed, it’s crucial for startup initiators to know how to develop a business plan and a global strategy, how to raise money, how to use it, how to recruit and motivate the right people…

Universities and schools must offer entrepreneurship courses. Successful foreign entrepreneurs should be invited to share their experience, encourage local entrepreneurs, maybe become mentors for local startups etc.

Is “brain drain” a problem ?

Brain drain is not a problem but an opportunity if the young engineers and entrepreneurs who leave the country and are successful abroad are encouraged to come back by a business-friendly environment.

3. Strong FUNDING

Investments in the IT sector are very risky especially in the early stages; therefore IT investors must be strongly encouraged.

Encourage funding

There are two main types of funding which should be encouraged through fiscal advantages for people investing in the early stages of an IT startup: close relatives funding ranging between $10,000 and $50,000 and business angels funding extending from $50,000 to $200,000.

How to fill the seed capital gap ?

Seed capital (investment of $1 to 10 million) must be encouraged by the State, notably through a shared investment scheme which would see the State invest 1$ in different projects for every 1$ invested by private investment funds.

Local wealthy tycoons could be encouraged to create an IT investment fund. This could be done through the development of an international partnership with an experienced IT American fund for example.

Other key elements

  • Create an adequate environment for IT startups

Set up a national body along with local associations dedicated to the IT sector which will provide shared working places, enhancement seminars, international webinars, trips, contacts etc.

Create a Techno-park composed of universities and research centers with effective infrastructure and facilities, a 10 years tax-free zone, business schools with international partnerships, networking associations etc.

But buildings and tax cuts are not enough to create an ecosystem.

  • Initiate the development by creating an example that will inspire young generations to become entrepreneurs

The psychological factor and changes in mentality are essential. A success story may be the sparkle that will initiate an entrepreneurship movement. In this perspective, the success of at least one Georgian IT startup headed by young entrepreneur should be encouraged by all means by the government. If the young population believes it can be successful through entrepreneurship, then the number of startups will automatically increase.

  • Encourage outsourcing companies

IT outsourcing generates revenues for engineers and the local IT community, enabling them to develop high-quality software meeting international standards, and to make contacts with international companies, senior managers, investors etc.

Skype was developed in Estonia by a Finnish entrepreneur. It proved to young Estonians that they’re capable of creating software which could meet the international standards. Skype put Estonia on the IT map.

Tax cuts for outsourcing companies can be limited to the techno-park area if the objective is to reduce the draining of local human resources.

  • Define a relevant market and technical strategy

– Specialization

Internet is a transversal tool which is changing all the dimensions of the economy. To experience international success, a local IT ecosystem must be specialized. The local IT community must achieve a high-level acknowledged specialization on specific issues in which research teams, schools, engineers and successful companies will enhance their knowledge and develop profitable synergies, and attract international investors and projects.

– Become the regional IT hub

Prior to experiencing international success, a startup must first experience national and regional success.

For example, Aukro is a Polish auction portal and professional social network that succeeded in Poland. Then, they entered Ukraine and became N°1 on this market.

The country must become the most attractive place in the region on the key factors (tax and legal regulation, qualified, cheap and abundant human resources…) to attract regional and international investors.

– Encourage international contacts and networking

An international network must be encouraged to trade local skills, companies and startups on the main neighboring markets.

The country and its local IT community must have the opportunity to build relations with and learn from the experience of more advanced IT communities (via expatriation or outsourcing services).

Invite IT delegations to the country, in order to meet local companies, startups, local seed investment funds etc.

Send local delegations to international events in order to build an international network, present local know- how, products, start upd.

Encourage partnerships with foreign IT universities (such as MIT), exchanges of students.

Encourage partnerships between local companies and worldwide IT companies (Google, Facebook, Microsoft, IBM…) in order to turn the country into their regional hub.

Ireland succeeded in attracting the European HQs of Google, Facebook etc. This helped create a strong local IT community, develop business of Irish startups in the US (through contacts with Google, Facebook…), attract foreign IT companies, foreign workers and entrepreneurs (bringing their know-how and knowledge of their markets), etc.

Martine Aubry dévoile un programme ultra-socialiste pour le numérique

Martine Aubry a dévoilé « le programme numérique dans le projet socialiste ». Il aurait plutôt fallu titrer « Un programme socialiste pour le numérique ».

Après la lecture de ce document de 7 pages, j’ai essayé de m’imaginer qui avait pu écrire un tel pensum. J’ai pensé spontanément à des professeurs plutôt qu’à des entrepreneurs du Net. Mais en fait, ca sent plutôt le projet rédigé à la va-vite par un lumpen-intellectuel vaguement cultureux, plutôt que le fruit d’une longue réflexion d’un comité d’experts et praticiens du sujet.

Que trouve-t-on dans ce document ?

Des administrations

Pour maximiser ses chances d’aterrir à la tête d’un machin après 2012, l’auteur du document propose la création de plusieurs administrations nouvelles.

L’Etat et les collectivités locales sont convoqués à tous bouts de champs pour régler des problèmes plus ou moins réels. Les acteurs libres et privés de l’Internet ne se sont pourtant pas si mal débrouillés jusqu’à présent : la vitesse de propagation de l’Internet et des services liés a été spectaculaire et elle semble accélérer sans cesse.

Le summum est atteint avec la proposition de créer un « opérateur national public » pour assurer la couverture Très Haut Débit partout en France en 10 ans. En gros, c’est un peu comme si on avait compté sur le monopole des PTT ou de France Télécom pour développer l’internet en France (j’en vois qui rigolent au fond de la salle). On croit rêver. Ca me rappelle cette proposition d’un certain François Fillon qui voulait fournir un Minitel à chaque français dans les 10 ans (un chiffre magique chez nos amis politiques manifestement).

C’est à des propositions anachroniques comme celle là que l’on voit que le logiciel mental des socialistes est resté  bloqué sur les années 70.

Certes le développement du très haut débit ne va pas aussi vite qu’on pourrait le souhaiter -notamment à cause d’une réglementation inadaptée- mais si l’administration et autres entreprises d’Etat monopolistiques étaient des organisations plus efficaces que la concurrence et l’économie de marché, ca se serait vu depuis le temps…  #bull #plan_calcul. On pourrait envoyer une mission d’étude en Corée du Nord, il parait qu’ils sont très en pointe dans cette voie.

Dans le même ordre d’idée, la création d’une « Banque publique d’investissement » laisse songeur. L’Etat a vraiment une culture, un rythme de décision et une aversion au risque qui en font le pire partenaire possible pour des start ups technologiques. Pour s’en convaincre, il suffit de constater que l’Etat ne parvient pas, dans des délais raisonnables, à attribuer les 4,5 milliards du grand emprunt, pourtant annoncés depuis bientôt 2 ans. Quand les fonds vont arriver, il y a fort à parier que la plupart des solliciteurs sérieux seront déjà passés à autre chose, et il ne restera plus que les projets foireux qui n’ont pas trouvé preneur auprès des fonds privés. Là encore, pour les socialistes, seul le secteur public est réputé pouvoir résoudre les problèmes. Alors qu’on pourrait plus utilement s’interroger sur les raisons pour lesquelles les investisseurs ont fuit l’amorçage en France.

Réglementer, réguler, légiférer, protéger

Sinon le PS se propose de régler d’un coup tous les problèmes particulièrement épineux posés par l’internet (neutralité, privacy, droit à l’oubli, liberté d’expression, que l’on ne savait pas menacée…) au moyen d’une loi. Hop, voilà ! #cacestfait. Il fallait y penser ! Que ferait-on sans les socialistes ?

Martine Aubry ne va pas jusqu’à proposer des solutions concrètes pour atteindre ces nobles objectifs. Il y a beaucoup d’autres vœux pieux du même ordre dans ce « programme » qui n’a sans doute pas fait l’objet d’un travail excessif. La commande a du être passée quelque part aux environs du eG8 selon mes estimations.

On a évidemment droit aux habituels couplets sur la protection de la rémunération des créateurs, un débat obsolète partout dans le monde -ou les créateurs sont déjà passés à autre chose- mais qui semble vouloir s’incruster dans le cerveau de nos hommes politiques analogico-réactionnaires (au début j’avais écrit  « préhistoriques »). Là encore, la solution préconisée passe par la gestion collective des droits. Encore une administration donc. On pense à la SACEM, ce modèle que le Monde nous envie mais que personne n’a copié.

Des impôts

Pour financer ce programme, le PS propose logiquement de créer de nouveaux impôts. Reconnaissons lui ce courage et cette franchise.

Il faut d’abord faire payer Google et Facebook qui, on se demande pourquoi, ont voulu échapper au paradis fiscal français et sont allés s’installer en Irlande. Personne ne se demande si, au contraire, on ne pourrait pas adapter notre modèle et réduire notre fiscalité, pour attirer ces entreprises en France.

Une phrase en particulier a retenu mon attention. Je cite en entier (ca vaut son pesant de cacahuètes cubaines) : « L’acceptation des échanges de biens culturels hors marché, à des fins non lucratives, conduira les internautes à s’acquitter en retour d’une contribution individuelle au financement de la création, qui doit rester modeste et pourrait devenir socialement progressive. » En gros, on va créer un impôt supplémentaire sur ton forfait internet, mais rassure toi, tu y seras conduit seulement (ca fait moins mal), et c’est surtout les riches qui le paieront. Créer l’Impôt sur le revenu de l’Internet, il fallait y penser. On imagine déjà l’usine à gaz. Je propose de lancer un concours pour lui trouver un petit nom. Pour ma part, je suggère de l’appeler l’« eSF ».

Et comme cela ne suffira pas à assurer les fins de mois de l’indispensable Cali et autres couineurs pleurnichards de l’exception culturelle française, on taxera aussi les FAI et les opérateurs télécom de manière à assurer « un soutien massif » à la création. On imagine déjà la douloureuse « massive » pour ces salauds d’Orange (mais rassurez vous les gars, il y en encore de la place en Irlande). Et Cali aura aussi droit à l’aide de fonctionnaires assermentés pour l’aider à exporter sa création (parce qu’apparemment elle n’y arrive pas toute seule).

Propositions LOL

J’aime particulièrement celle-ci. Donner le budget de l’Hadopi -qui serait supprimé- à la CNIL. C’est plutôt drôle et cruel. La Privacy va devenir un enjeu majeur. Je suis pour. Vraiment.

Martine veut également développer la démocratie électronique parce que « les citoyens interpellent aujourd’hui directement leurs représentants par Facebook et Twitter ». Et elle en sait quelque chose Martine, elle qui n’a pas de compte Twitter et dont le dernier message sur Facebook remonte à janvier 2010 ! Mais le nègre qui a écrit le programme numérique de Martine a du oublier d’aller vérifier ou alors il n’a pas été assez convaincant.

Vœux pieux, buzz words et Geekismes

Sinon, le reste du programme est plutôt juste, mais il s’agit généralement de généralités convenues, de principes qui font consensus et de Buzz words qui ont du bien sonné dans l’enceinte de la Cantine, mais qui sont assez éloignés des préoccupations concrètes des Français moyens (Open data, diplomatie numérique…).

J’appelle ça des Geekismes : un mélange de Jeunisme et de Bushismes appliqués au web, pour  prouver qu’au PS, on est connecté (pas comme ce ringard de Sarkozy). On caresse le Geek dans les sens du poil pour faire passer plus facilement les propositions concrètes qui se résument à une accumulation d’administrations et d’impôts nouveaux.

Les grands oubliés

Pour ce qui est du cœur de la responsabilité des Hommes politiques, en gros l’e-Gouvernement, on repassera. L’e-administration, l’e-santé, etc… sont les grands oubliés de ce projet. Ce sont pourtant des sujets majeurs qui relèvent de la responsabilité directe de l’Etat, qui pourraient changer concrètement la vie des Français et résoudre tant de problèmes qui se posent à notre pays (déficits…). Mais avec les socialistes -et les politiques français général- un peu de pragmatisme, de travail de fond et d’humilité, c’est beaucoup demander. On préfère de loin multiplier les envolées lyriques sur des sujets abstraits. C’est plus facile et plus gratifiant, et ca n’engage à rien (pas de résultats mesurables à fournir).

On est donc très loin de la vision prospective et de l’ambition qu’on pourrait attendre d’une future candidate à l’élection présidentielle et d’un parti à vocation majoritaire comme le PS. Pour l’essentiel, on a droit à une idéologie issue du XIXème siècle péniblement appliquée à la technologie et aux enjeux du XXIème.

Quand je compare ce « programme » fumeux à ce que j’ai entendu en 15 minutes à New York de la bouche du Directeur aux Technologies de Barack Obama, dont les projets ambitieux, concrets et nombreux sont déjà en cours d’exécution, je me demande si nous vivons sur la même planète, et je me dis que ce n’est pas demain que la France rattrapera son retard dans ce domaine.

Retard culturel

Une fois de plus ce « programme » montre à quel point les politiques sont désarmés et désemparés face à un phénomène libertaire comme le développement débridé de l’internet, de ses technologies et de ses usages.

On sait que derrière les bonnes intentions des Politiques se cachent toujours l’arrivée de régulations, d’administrations et de taxes qui ne manquent jamais d’entraver le développement des sujets auxquels elles se consacrent. Comme les acteurs du Net l’ont dit clairement à l’eG8, le mieux, pour les autorités publiques, c’est encore de ne rien faire. En l’occurrence, ils feraient bien de s’inspirer du bon père Queuille « Il n’est pas de problème que le temps et l’absence de solution ne contribue à résoudre. »

Et pour le reste, ils devraient surtout essayer de contribuer au financement des tuyaux et nous proposer des programmes d’e-administration dignes de ce nom. Ce serait déjà bien, histoire que ce ne soit pas les acteurs privés qui se tapent tout le boulot.

Eric Besson a-t-il gagné ses galons d’homme de conviction sur M6 ?

« Avant, j’étais un traitre » Eric Besson pourrait s’afficher sur les publicités (excellentes) d’une marque de lunettes. L’émission de M6, qui a connu un succès incroyable sur le web (600.000 vues), puis à la TV, a changé l’image d’Eric Besson, en mieux.

Eric Besson : "Je me casse", dans Capital. En fond, Christian Ugolini le pseudo-témoin

Des millions de français ont découvert un Eric Besson passionné et sincère, qui ne cède pas sous la pression médiatique, comme tant de ses collègues du Gouvernement qui préfèrent se montrer sous leur meilleur jour en jouant la démagogie politiquement correcte. Un homme authentique qui cache mal ses sentiments, avec un caractère un peu chaud, voire colérique. Mais est ce grave au pays des Gaulois ?

Je prends le pari qu’Eric Besson va sortir grandi, et pour le moins sera perçu différemment, après cet épisode. Si on analyse les réactions sur l’internet, on constate qu’elles se répartissent assez également en 2 catégories : les gens de gauche le haïssent toujours, de ce côté rien de nouveau, mais les gens de droite, qui ne l’aimaient guère (un traitre de gauche), volent à son secours et semblent avoir apprécié ce qu’ils ont vu et entendu : un homme qui défend le bon sens, un bosseur qui connait son dossier, un homme de conviction qui ne se laisse pas impressionné par la pression des médias (de gauche, forcément de gauche). Bref un homme d’Etat.

Cette séquence a également montré, une fois de plus, les dérives d’un certain journalisme devenu à la fois cynique, voire manipulateur, et partisan dans le traitement de l’information. Quand les intérêts du business et du buzz servent les convictions politiques, pourquoi se gêner ?

D’abord la mise en ligne de la vidéo de l’interview complet, avec la scène du départ du plateau, montre le savoir faire et le « cynisme » de Capital, qui a flairé et exploité sans vergogne le potentiel de buzz de « l’incident ». Pari réussi. A la fois sur le web, avec 600.000 vidéos vues, mais aussi pour l’émission TV qui a enregistré un pic d’audience (3.8 millions de téléspectateurs, record de la saison). M6 a bien compris le potentiel d’une bonne articulation du web et du média, bravo.

Il est intéressant de comparer la vidéo, complète, celle qui a fait le buzz, et le montage qui a été montré à la télévision (que l’on retrouve ici).

Une question / réponse dans laquelle Eric Besson déployait des arguments importants a été coupée. Pourquoi couper l’une des réponses les plus convaincantes du Ministre ? Il est vrai que dès qu’on va un peu au fond, et qu’on prend plus de 20 secondes, c’est long, c’est chiant. Si on pouvait régler la question du nucléaire en 140 caractères sur Twitter, ce serait quand même l’idéal…

Guy Lagache

« Donc, vous vous considérez que finalement ces études, ces sondages ne révèlent pas forcement l’opinion… »

Eric Besson

« Ils sont  une photographie intéressante de l’opinion à un moment donné. Est ce que les Français comme d’autres peuples européens ont été troublés, perturbés par l’accident très grave de Fukushima à l’évidence oui mais le rôle du politique ce n’est pas de réagir émotionnellement mais d’essayer d’abord de décrire ce qui s’est passé exactement à Fukushima. Cela mériterait un peu de développement. Et puis deuxièmement sur les questions énergétiques quels sont les choix s’imposent à nous et si vous me permettez 2 mots sur le sujet. En 50 ans la demande énergétique mondiale va être multipliée par 2 du fait de l’émergence des grands pays Chine Inde Brésil Mexique qui aspirent à leur développement. Lorsque vous regardez ce qu’on appelle le bouquet énergétique, le « mix «énergétique » de tous les grands pays industrialisés, c’est assez simple. Soit ils sont bien dotés en hydraulique, c’est le cas du Brésil, du Canada, de la Norvège, de la Suisse, de l’Autriche…etc…  Soit les 2/3 de leur approvisionnement énergétique et de leur électricité sont d’origine ou fossile ou nucléaire. Donc lorsque je vous dis que nous nous avons besoin du nucléaire, je ne vous dis pas que nous ne pourrions pas sortir du nucléaire comme l’affirme un certain nombre d’hommes politiques. »

Enfin, dernier épisode significatif, puisqu’il a provoqué le départ du Ministre, celui du témoignage de Christian Ugolini, cet « ancien sous traitant chargé de la sécurité » tel qu’il est présenté par le journaliste. Ce que ce dernier oublie de dire, c’est qu’il s’agit d’un militant anti-nucléaire, proche de Michèle Rivasi et Corinne Lepage, qu’il ne travaille plus dans le nucléaire depuis plus de 10 ans, et qu’il s’est reconverti dans la réalisation de documentaires. Bonjour l’objectivité, bonjour la crédibilité… Cet homme a bien le droit de donner son avis, comme tout citoyen, mais pourquoi le journaliste de M6 oublie t-il de préciser ces quelques points pourtant fondamentaux dans la bonne appréhension par le public de ce « témoignage » ? Si ce n’est pas de la « manipulation », alors qu’est ce que c’est ? De l’incompétence ? Peut être. Mais le fait que le reste de l’interview soit assez « dur » -ce qui, en soi seul, est à l’honneur du journaliste– semble néanmoins renforcer la thèse de l’émission « piège ».

On va se faire Besson, candidat idéal pour un bon bashing, et surfer sur la vague anti-nuclaire (la peur ca vend), tout en se faisant une belle crédibilité de journaliste sans concession en se faisant un Ministre, sur le thème « On nous cache tout, on nous dit rien » (le conspirationnisme, ca vend). Et avec un peu de chance ca va clasher (la polémique, ca vend). Belle opération.

Dès lors, on comprend mieux la « colère » du Ministre, qui n’aura pas voulu se laisser piéger plus longtemps dans une telle opération.

Il y a quelque chose de pourri au royaume de l’information 2.0

L’information à l’âge de Twitter et du web 2.0 est une foire d’empoigne ou prospèrent les rumeurs et manipulations. Les journalistes doivent revenir aux fondamentaux de leur métier pour ne pas alimenter le monstre. Les entreprises, organisations et personnalités doivent apprendre à protéger et à défendre leur réputation.

Je viens de passer quelques jours dans la lessiveuse buzzo-médiatique, des montagnes russes entre insultes, menaces, soutiens et sollicitations médiatiques flatteuses. Salaud de comploteur pour certains, victime ou cador 2.0 pour d’autres, toujours « bon client » pour les média.

On m’a prêté des propos que je n’ai pas tenus, des manipulations imaginaires, des fonctions que je n’exerce pas, une « grande » influence, etc… La plupart des choses écrites étaient fausses, mais peu importe, c’est le grand cirque médiatique et l’histoire était trop belle à raconter. Elle a donc été racontée. Au début j’ai essayé de contacter les journalistes, j’ai envoyé des demandes de droits de réponse, avec avocat en copie, mais devant le rouleau compresseur du buzz, j’ai vite renoncé (Google a trouvé 183 articles de médias, 481 blogs, et je ne sais combien de centaines de tweets, me citant sur les 2 dernières semaines). Un seul journaliste m’a répondu pour s’excuser, et un autre a corrigé rapidement sa dépêche (l’AFP) mais le mal était fait.

De cette expérience, je tire quelques analyses que je voudrais partager :

  • Les média doivent repenser la manière dont ils exercent leur métier à l’ère du web 2.0 et de Twitter
  • La relation non maitrisée entre le web et les média offre aux manipulateurs un grand potentiel d’influence contre lequel ceux qui ont une réputation à perdre doivent absolument se protéger.

Les média français doivent retrouver l’exigence de la vérification des faits

Sur l’affaire de la Porsche, Le Monde a publié la version d’une des parties prenantes (Ramzi Khiroun), sans vérifier la véracité des faits, alors que j’avais indiqué au journaliste leur fausseté et comment la vérifier.

Le dimanche suivant l’arrestation de DSK, les médias ont exposé la théorie du complot proposée sur le fameux billet du Post.fr (modifié depuis, mais tardivement…), publié à 3 h 30 du matin par l’anonyme « Provence117 » qui venait de s’inscrire (de cette manière, il était impossible de l’identifier). Bonjour la fiabilité de la source… Ce billet était truffé d’erreurs chronologiques et factuelles, aisément vérifiables, qui ruinaient totalement sa fumeuse théorie. Malgré tout cela, cette théorie loufoque a été abondamment reprise dans les versions web et off line de nombreux média prestigieux, avec un minimum de distanciation.

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, dans ces premières 36 h, aucun des journalistes concernés n’a jugé utile de vérifier ou de questionner les faits présentés, d’identifier l’auteur, ou de me contacter pour entendre ma version, avant de publier l’argumentaire de l’anonyme et injoignable « Provence117 ». Pourtant, j’étais pour ma part aisément joignable.

Je trouve cela grave. Car, ce faisant, ces médias ont apporté leur puissance de diffusion et leur crédibilité à la thèse du complot, encourageant ainsi les réactions les plus irrationnelles d’une population sous le choc des images. C’est à mes yeux le contraire du rôle et, oserais-je-dire, de la dignité d’un vrai média. C’est inacceptable et inquiétant.

La rédaction du Post.fr n’a pas retiré le billet, malgré ma demande qu’elle avait pourtant initialement acceptée. Il faut dire que le billet avait un grand succès d’audience grâce au relais des médias (350.000 visites !). La déontologie ne pèse pas lourd face au trafic.

Mais cela ne s’est pas arrêté là. Je me suis retrouvé rédacteur en chef d’Atlantico alors que je n’en suis qu’actionnaire… ce qui alimentait encore la thèse conspirationniste. Atlantico a également été cité de manière approximative et erronée, toujours dans le même sens. Par glissements successifs, un média -dont je tairai le nom par charité chrétienne- a même réussi à publier une phrase qui n’était qu’une suite d’informations intégralement fausses. Ca fait peur. Comme par hasard, toutes ces erreurs ne faisaient que renforcer la théorie du complot. Et les histoires de complots, ca fait des pages vues…

Un journaliste du Figaro, que j’avais réussi à joindre sur Facebook, et auprès duquel je m’étais étonné qu’il ne m’ait pas appelé avant de publier son « papier » sur la thèse du complot, m’a répondu « Vous avez raison… Je n’ai pas eu le temps… ». Le manque de temps, voilà la grande explication, la belle excuse des pisse-papiers en mode copier / coller. Il faut publier, vite, et surtout, avant les concurrents. Or son « papier » était l’un des derniers à paraitre sur le sujet. Il aurait sans douté été plus intéressant qu’il soit le premier à vérifier les faits, afin d’apporter un angle différent par rapport à ses concurrents plus réactifs. Cela lui aurait pris 30 minutes (le temps de me joindre et de vérifier les faits, ce qui était techniquement facile).

Si les journalistes se contentent de reprendre telles quelles toutes les conneries publiées par des anonymes sur Twitter ou des médias participatifs non modérés comme LePost.fr, ils seront bientôt remplacés par ces derniers. Aucun média ne peut être plus rapide que Twitter. Aucun média ne peut être plus « Nawak » qu’un média participatif non modéré. A quoi bon faire la course avec eux ? Dans le monde de l’hyper-communication, la seule valeur ajoutée d’un média digne de ce nom c’est, à l’évidence, de filtrer, de sélectionner, d’équilibrer de différents points de vue, et de vérifier les informations. Sinon à quoi bon les lire ? Autant aller directement aux sources. Ce que font d’ailleurs de plus en plus d’internautes.

Cette affaire DSK a provoqué quelques débats télévisés agités entre journalistes sur l’évolution de leur métier, au sujet de l’omerta et de leur manque de distanciation face à la théorie du complot. Ce n’est pas gagné…  J’ai été frappé du conservatisme et du déni de certains : « Circulez, il n’y a rien à voir, on a fait au mieux dans ces circonstances ». Et bien non, vous n’avez pas fait au mieux. Je peux légitimement vous accuser de ne plus faire votre boulot de base, celui de la vérification et de la contradiction des sources. Heureusement, d’autres ont bien compris les enjeux, comme Pierre Haski de Rue89, Guy Birenbaum, Jean-Sébastien Ferjou d’Atlantico ou Jean Quatremer. Ce type de journalistes, soucieux de revenir aux fondamentaux de leur métier, seront les gagnants de la mutation en cours.

J’espère que le choc DSK va favoriser une évolution salutaire du travail journalistique :

  • Cesser la vaine course de vitesse avec le web (perdue d’avance)
  • Se former aux outils Internet (pour éviter de relayer n’importe quoi et n’importe qui)
  • Revenir aux fondamentaux et à la déontologie du métier : vérification des faits, éclairage contradictoire…

Face à cette relation non maîtrisée entre le web et les médias, toutes les manipulations deviennent possibles.

Dans l’état actuel des choses, des experts de l’internet 2.0 peuvent faire passer de nombreuses informations dans les médias, en travaillant bien le sourcing internet des journalistes. Si vous avez une réputation à défendre, que vous soyez une personnalité, une organisation ou une entreprise, il est temps que vous preniez la mesure de la puissance de l’influence potentielle du web sur votre image.

N’écoutez pas les bisounours de l’e-réputation

Bisounours power
Pensez à vous former et à vous équiper avant que le ciel ne vous tombe sur la tête, du fait des mesures de rétorsion de vos clients insatisfaits ou des manipulations de vos concurrents. Et n’écoutez pas les Bisounours de l’e-réputation qui vous expliquent que si vous êtes présents, transparents, ouverts au dialogue, réactifs et gentils sur le web, votre belle image de marque 2.0 vous protégera des rumeurs et manipulations. C’est faux. Bien sur il faut faire tout cela mais c’est nettement insuffisant.

Internet est un monde cruel et impitoyable. C’est la guerre ! Et le champs de bataille se déroule sur la première page de Google, sur les blogs, sur Facebook et Twitter. Préparez vous à surveiller votre territoire, à espionner vos ennemis, à défendre votre patrimoine, et à rendre coup pour coup. Sinon vos adversaires vous enverront au cimetière des éléphants 0.0.

Victime d’un buzz devenu ouragan médiatico-politique, la firme DSK contre-attaque

Décryptage d’un buzz médiatico-politique et d’une opération de déminage

Les faits :

  • Le Parisien publie une photo AFP de DSK descendant d’une Porsche
  • Emery Doligé publie la photo avec ce commentaire ultra soft « DSK roule en Porsche ? »
  • Je retwitte en ajoutant ce commentaire « Explosion de bling-blingomètre » dans un esprit LOL spontané
  • Atlantico est l’un des derniers média à parler de l’affaire avec une information exclusive qui ne change presque rien à l’affaire : La Porsche est une voiture de fonction du groupe Lagardère. So what ? On savait dès le premier jour que ce n’était pas la voiture de DSK via un démenti fait par son entourage et largement relayé dans les médias.

Quelques jours plus tard, me voilà au cœur d’une conspiration sarkozyste. Le Monde relaie complaisamment la thèse vendue par Ramzi Khiroun : Arnaud Dassier -il faut que ce soit moi car je fus le conseiller internet de l’UMP et de Sarkozy en 2007- a été le 1er à twitter la photo (information qui n’est pas mise entre guillemets); Elle a ensuite fait l’objet d’un buzz web, puis a été publiée par le Parisien, et enfin Atlantico (site dont je suis un des actionnaires) a publié une information que seule la Police (aux ordres de Sarkozy) pouvait avoir. CQFD. Complot sarkozyste. DSK et Ramzi Khiroun sont des victimes. Hum…

L’article du Monde est repris très rapidement par le Nouvel Observateur dans sa version on line (l’article a été supprimé depuis, du fait de mon intervention et de l’évidence de la fausseté de la thèse).

Et tous les fans de DSK, jusque là assez prostrés, de me tomber dessus sur Twitter.

Problème : tout est faux

Analysons le déroulement de l’affaire. Cela illustre bien comment l’information fonctionne au temps de l’internet et de twitter.

Le Parisien publie la photo, mais sans la commenter. Distanciation journalistique bienvenue. On laisse les lecteurs juger. J’imagine quand même que le Parisien sait ce qu’il fait. Il a choisi cette photo là, et pas une autre, pour illustrer son article sur la présence de DSK à Paris en train de préparer sa campagne. Le Parisien n’espère t-il pas un buzz dont sa version en ligne serait bénéficiaire ?

Emery Doligé, toujours à la pointe des tendances, flaire le bon coup et publie rapidement la photo vue sur le Parisien, mais reste neutre. Une fois de plus, il est le sourceur, l’influent. Ca lui suffit.

Je vois ce twitt. Je souhaite le retwitter mais j’ajoute ce commentaire « Explosion de bling-blingomètre ». C’est amusant de renvoyer la balle au favori d’une gauche qui vient de passer 4 ans à faire fructifier le Fouquet’s, le yacht de Bolloré, les montres Rolex et Patek, les Rayban… en dénonçant le Président bling Bling.

A aucun moment, je n’imagine l’ampleur que va prendre cette photo, du fait de l’intervention décisive du relais des média.

C’est là que la photo devient une affaire politique. La reprise média donne tout d’abord une tout autre ampleur à un phénomène jusque là limité à quelques centaines de milliers d’utilisateurs de twitter. Mais les médias se servent aussi d’internet pour décomplexer leur discours. En disant « Le web se déchaine contre DSK et sa Porsche » et en en tirant des analyses politiques (DSK fragilisé…), ils participent à la curée tout en rejetant la responsabilité sur le buzz web. « C’est pas moi qui le dit, c’est le web. Moi, je reste un journaliste sérieux qui ne mange pas de ce pain là. »

La photo fait l’objet d’un buzz sur twitter parce que les internautes l’ont trouvé intéressante et l’ont relayée massivement. Ce sont eux qui ont ajouté leurs commentaires comme « la Porsche tranquille » (lancé par un twittos pro-Ségolène) ou « DSK va s’en mettre plein les Porsche » et beaucoup d’autres. C’est la photo elle-même qui est le principal vecteur du buzz, et non des puissances occultes que je dirigerais. Il faut dire qu’elle a une portée symbolique réelle dans un pays qui a un rapport à l’argent névrosé, et singulièrement pour un candidat de gauche. L’ex premier secrétaire du PS -François Hollande- n’a t-il pas déclaré en 2006 « Je n’aime pas les riches », alors qu’il possédait lui-même une SCI à 900.000 euros de capital.

Atlantico est l’un des derniers médias à parler de l’affaire.  Il le fait avec un article assez soft dans lequel il publie une information inédite qui ne change pas grand-chose à l’affaire. D’où sort cette information ? On peut penser qu’il y a de nombreuses personnes qui savaient qu’il s’agissait d’une voiture de fonction et qui n’apprécient pas Mr Ramzi Khiroun. Il faut dire que demander une Porsche à 120.000 euros comme voiture de fonction, c’est d’un goût douteux, et que ca ne doit pas être très bien vu chez Lagardère, Euro RSCG ou même au PS (à la lecture des différents articles de presse, on ne sait plus trop pour qui travaille Ramzi Khiroun).

Hier soir, à 21 h, en plein concert (Saxon, gloire de la NWOBHM), je reçois un appel urgent de Raphaelle Bacqué, journaliste politique du Monde, qui vient de recevoir la version de Ramzi Khiroun qui me dénonce comme pilier d’un complot  anti-DSK ourdi à l’Elysée, avec la complicité du Ministère de l’intérieur. Je lui indique ne pas être à l’origine de la publication de la photo, je lui dis aussi qu’il est facile de le vérifier sur Twitter en remontant la time line. Il est également facile de vérifier que la photo a été publiée sur Twitter après l’avoir été sur le Parisien, contrairement à ce qu’affirme Ramzi Khiroun. Pourtant c’est sa version qui est publiée dans le Monde, parfois sans guillemets, et non la mienne, pourtant aisément vérifiable. Depuis, la version en ligne a été corrigée, et on m’a promis de le faire dans la version papier. Mais l’essentiel des lecteurs a déjà lu l’article et n’y reviendra évidemment pas. The job is done.

Ce qui est « drôle » c’est que les militants pro-DSK m’ont attribué des analyses que je n’ai jamais faites comme de dire que c’est mal d’être riche, ou qu’on ne peut pas être de gauche et riche… alors qu’elles sortent en réalité directement du subconscient de ceux qui visionnent la photo.

C’est assez étonnant de se retrouver dans la peau de Dark Vador quand on a juste retwitté une photo en mode LOL. Magie d’un monde ou se mêlent le buzz des médias sociaux, le web comme source, concurrent et excuse des média, connivences journalistes-politiques, et pratique approximative du journalisme avec publication d’informations erronées sans vérification.

Sur le fond de l’affaire, je ne regrette rien car je partage l’excellente analyse d’Autheuil : « L’élection présidentielle, c’est avant tout la sélection et la désignation d’une personne pour occuper une fonction double, à la fois de décision politique, mais aussi de représentation symbolique. C’est un poste très lourd et il est donc normal que le processus de recrutement soit minutieux »

Une chose est sûre la campagne a commencé, et DSK est mal entouré.

Polémique de l’Hôtel de la Marine : la France qui coule

La polémique en cours sur l’Hôtel de la Marine est une nouvelle bataille d’Hernani symptomatique du conservatisme excessif d’une France qui se transforme en musée pour vieux fonctionnaires.

L'Hôtel de la Marine

La bataille surréaliste qui se déroule en ce moment autour de l’avenir de l’Hôtel de la Marine est passionnante car elle révèle de manière presque caricaturale les tendances mortifères d’une France momifiée dans un conservatisme archaïque. C’est une bataille idéologique, au coeur du mal français.

Rappel des faits

L’Hôtel de la Marine est un sublime bâtiment, face à la place de la Concorde, construit par Gabriel à la demande de Louis XV, afin de mettre en valeur les productions des artisans français aux yeux des Cours européennes en visite à Paris. On l’appelait alors le Garde-Meubles. Depuis 1789 le bâtiment est le siège de l’Etat major de la Marine française qui l’a, semble-t-il, laissé se dégrader jusqu’à un état déplorable, comme toute bonne bureaucratie qui se respecte. Comme beaucoup de Parisiens, je me suis parfois demandé ce qu’il pouvait bien renfermer. Réponse : des marins. Avec un intérêt stratégique majeur évident : surveiller la Seine pour protéger l’Assemblée Nationale contre l’attaque de navires de guerre étrangers.

Dans la continuité de la louable politique de revalorisation de l’extraordinaire domaine de l’Etat, laissé à l’abandon depuis des décennies faute de moyens, le Gouvernement a décidé de lancer un appel à projet, dans le cadre des partenariats public-privé, pour confier l’exploitation de l’Hôtel de la Marine à des acteurs privés (la propriété du bâtiment restant à l’Etat).

Cet abominable secteur privé qui cherche à faire de l’argent (beurk !) avec le patrimoine de la France éternelle

Membre du secteur privé

Un sublime bâtiment appartenant à l’Etat, c’est-à-dire au peuple français, qui va être restauré et ouvert au public, sans que cela ne coûte un euro au contribuable. Spontanément, on se dit : quelle bonne idée !

Hé bien non, ce serait trop simple. Nous sommes en France. Il s’est donc trouvé de nombreuses personnalités pour se scandaliser qu’on laisse entrer l’abominable secteur privé (beurk !) dans ce bâtiment qui appartient à la Frââânce -comprendre à l’Etat, pas au peuple (beurk !!)- et il paraitrait qu’on pourrait même y faire du commerce (beurk !!!) pour payer les frais de restauration et d’entretien. Quel avilissement ignoble face aux forces de l’argent roi, indigne de la Frââânce.

Extrait du site web de nos sauveurs : « Une exceptionnelle mobilisation de l’opinion publique (8.971 signataires d’une pétition en ligne, soit le nombre d’habitants de Pont-Audemer, charmante bourgade de l’Eure) a permis d’alerter le Président de la République sur l’impopularité d’une cession de l’Hôtel de la Marine au secteur privé, et ceci, quelle qu’en soit la forme ». Le privé, c’est non par principe « quelle qu’en soit la forme ». Au moins, c’est clair.

Résultat ? Face à cette quasi-révolution « populaire », et compte tenu des enjeux socio-économiques majeurs qui sont en cause, il a été décidé de … réunir une commission. Ce n’est pas demain la veille que je pourrai visiter l’Hôtel de la Marine moi.

Mais au fait, quels sont ces horribles projets privés qui sont l’objet de cette mobilisation sans précédent ? Faire de l’hôtel de la Marine un temple de la gastronomie française, ou de l’artisanat d’art (ce qui -soit dit en passant- était la vocation initiale du lieu, celle voulue par Louis XV), ouverts aux talents contemporains de la culture vivante, avec quelques salles à louer, restaurants et boutiques d’artisanat français pour payer tout ça. Mais ou est le problème bon sang ? Le commerce, c’est la vie. D’où vient l’argent qui a financé ce bâtiment,  notre magnifique modèle social et notre administration « que le monde entier nous envie » d’après vous ? Les généraux de la Marine royale aiment bien les contribuables qui les paient et qu’ils sont censés protéger, mais de loin, depuis le balcon de leur bel hôtel si possible.

Et que proposent nos éminents défenseurs du patrimoine nationâââl ? Ouvrir un musée. Original non ? Et qui va payer ? Vous et moi. Evidemment.

La France musée

2 pièces inestimables du Musée de la Charentaise, à Varaignes

Cette tendance grandissante à ouvrir des musées à tour de bras dans n’importe quel bled a quelque chose d’inquiétant (des milliers de nouveaux musées ont été ouverts depuis 30 ans). Célébrer le passé c’est très bien à condition de ne pas sombrer dans une nostalgie fataliste et un conservatisme systématique. Si c’était mieux avant, c’est peut être parce qu’à l’époque la France et les Français étaient plus rock’n’roll qu’aujourd’hui (pas difficile). Les Français prenaient des risques, inventaient, créaient, lançaient des idées et des projets révolutionnaires comme la Tour Eiffel par exemple. Tout le contraire de la France musée, prostrée sur son patrimoine et ses zavantages zacquis, roulant à 35 à l’heure sur l’autoroute de la retraite à 55 ans.

La nouvelle bataille d’Hernani ?

La bataille d'Hernani, anciens contre modernes

Nous assistons à une nouvelle bataille qui oppose les anciens et les modernes. Ceux qui veulent que rien ne change, contre les créateurs et les innovateurs. Les adorateurs du service public contre les entrepreneurs. Le clergé intellectuel de la culture morte, toujours prêt à dépenser l’argent du contribuable, contre les bourgeois mécènes (beurk !) qui n’hésitent pas à investir leur argent dans la culture vivante. La fermeture ou la muséification de bâtiments de prestige réservés à l’élite culturelle ou à l’aristocratie d’Etat (en l’occurrence l’Etat major de la Marine) contre l’ouverture au peuple et aux marchands du temple. La France d’Etat qui coule en pleurnichant et en pestant contre la France des Corsaires (un partenariat public privé avant l’heure) qui montent à l’assaut et ont le mauvais goût de s’enrichir.

A chaque nouveau projet, on voit de vieilles momies protester au nom du bon goût et de la préservation du patrimoine : la Tour Eiffel, le Centre Pompidou (quoique sur ce coup là, ils avaient peut être raison ;), le Grand Louvre, etc, etc, etc… Cette fois, parmi les pétitionnaires de la France muséifiée on retrouve notamment Monsieur Edouard Balladur, un gars pas du tout conservateur, qui avait refusé de quitter son bureau du Louvre quand il était Ministre des Finances pour faire place aux travaux du Grand Louvre.

Paris sera toujours Paris

Pendant que les Parisiens saisissent le moindre projet architectural pour s’empoigner pendant 10 ans, on construit à tour de bras à Berlin, à Londres ou à Barcelone, des villes autrement plus dynamiques, vivantes et attractives que le Paris qui se couche tôt que nous connaissons aujourd’hui. Et Monsieur Pinault a installé sa collection d’art moderne à Venise après avoir essayé en vain d’en faire profiter la France. Et si le principal chantier du Grand Paris, c’était de changer les mentalités ?

Conservateur (de musée)

Pro life

Moi je choisis la vie, la création, le commerce, avec leurs bonnes et leurs mauvaises surprises. Et c’est un vrai conservateur qui vous le dit ! Le conservatisme, c’est garder tout ce qui marche, et ne changer que ce qui ne marche pas. Vu l’état de décrépitude et l’utilité sociale nulle de l’actuel Hôtel de la Marine, il est temps de changer, non ?

J’espère que le Président Sarkozy reviendra sur sa juste intention première et ne se laissera pas effrayer par la mobilisation des vieux barbons de la France moisie et du Figarôôô magazine. Une indication intéressante, parmi d’autres, sur l’orientation réformatrice ou conservatrice de la fin du quinquennat.

PS : un billet sur le livre d’Olivier Poivre d’Arvor « Bug made in France » qui explique comment la France et l’Europe ont laissé la domination culturelle mondiale aux Etats-Unis en se focalisant trop sur la dimension artistique et pas assez sur l’accès à la culture, et ses formes modernes. Une analyse qui va dans mon sens, mais avec beaucoup plus de talent et de connaissance du sujet :
http://www.nicolasbordas.fr/et-si-on-evitait-que-la-france-ne-devienne-quun-musee

16 principles for successful e-campaigning

We are not talking about recipes. There is none, each campaign is different, and the technology is moving so fast. I just tried to resume the experience of 13 years of e-politics and e-campaigning in a few strategic and operational principles, that you should apply whatever the context of your campaign.

A lot of these principles apply also for marketing campaigns. Political campaigns are so intense and fast that they allow innovations that brands and companies would mostly hesitate to risk. It is the best school for marketing. Nobody would disagree that the Obama Campaign changed politics but also marketing forever.

1. TIME : anticipation, planification, preparation

It takes time to develop your platform, grow your supporters’ database, implement your contents on the first page of google, test and learn… Obama was on line more than 18 months before Election Day. In the last months of the campaign, if you are still coding or teaching your supporters, you are dead.

2. Technology is a tactic, not a strategy

If you think the biggest stake of your e-campaign is building a web site and a mobile application, you just did not get it. Internet is not about technology, it is about people (like politics). If you consider that your e-campaign is mostly done when you put your web site online, it is like thinking your campaign is mostly done when you open your HQ. The real work comes after this.

3. Internet strategy = ((electoral strategy  + internet local context) * (contents + technologies)) /constraints

You should better have an e-campaign strategy, because you will not be able to do everything you could. Your budget, your team, your time are not infinite. So you should focus on the goals that Internet is the best for. My personal recommendation is to focus on activism, because it is there that Internet can make a difference.

You have to adapt your e-strategy to the local context. What are the messages that you want to promote, to which population (electoral strategy)? It will tell you the devices and e-marketing tools that you should use, according to your budget.

4. Be focused and systematic

Focus on one goal and try to get a breakthrough content that will touch a significant part of the population. For this, do not sprinkle your budget and energy trying to do a lot of different actions (trying to do everything Obama did). If you have an e-strategy, stick to it entirely until the end of the campaign. Do not sprinkle your precious time and money between different options, or you will stay inside the internet black hole (the second page of google and beyond). It is better to focus on a not-so-good strategy that to change it in the middle of the campaign, because, anyway, it is too late to implement a new one. And the time you need to have it started, the campaign will be over and your energy lost for nothing.

5. Be data driven

You need to verify that your actions are efficient, and try to understand how to improve them and achieve your goals (you e-campaign must meet certain numbers to be effective). If your traffic and supporters database are not growing every day until the end of the campaign, you have a problem. If you send e-mails that nobody read or click on, you are in trouble. If the bounce rate of your e-marketing is high, you should worry. So you better look at the analytics.

Data are so much important, that you must not hesitate to ask to your supporters to spend a part of their precious time to do reporting of their actions.

6. Inform / consult / involve / engage

  • Inform your electors
  • consult them about your (and their) propositions (by the way, it is the best way to catch their e-mails ;-)),
  • give them opportunities to make an easy first step inside the campaign (put “call to actions” buttons everywhere !),
  • offer them effective tools to contribute to your campaign, on line but also and mostly off line…

7. Go back to basics

Internet is just a new way to do old things. When you think about your e-campaign, just think about it like it is a traditional campaign:

  • Internauts = electors and supporters
  • Portals = medias
  • Forums = markets
  • Chats = meetings
  • Google adwords and banners = billboards
  • e-mails = tracts
  • Blogs, twittos = influent citizens
  • Social networks = communities, markets, places where people meet and speak…

8. Be user centric

The e-campaign is not about the candidate, it is about the people. Stop considering your web site as another place where you can do the “I am the best, look at my nice pictures and program” stuff. If people can only look at your propaganda, and not participate to your program and actions, they will go away and never come back to your web pages.

Think about the different populations that will come to your hubs, and how you can give them what they are looking for. Do not talk only about you. Talk about the people, give them opportunities to speak out, show your supporters in action and telling why they believe in you, etc… It is the best way to interest, touch and motivate them.

9. Empower your supporters (mostly for grassroots)

Internet is not only a media. It is the power of modern technologies in your hands, and in the hands of your supporters. Give them the power to help you with great tools. For politics, Internet is not a media revolution; it is a revolution for activism.

Your e-campaign really scores when it impacts real people, on the ground. Human-to-human relations in real life are so much more efficient that virtual relations in forums or social networks. One of the most difficult things, and most important goal, is to stimulate your off line grassroots with your on line platform. For this, you need to establish a very strong human network of local managers, connected to the internet system. Internet must become the backbone of your grassroots operations.

10. Web is (almost) dead : think « platforms » (fish where the fishes are)

Your need your web site to be your hub, for traffic and contents, but people are not there. Be sure your campaign is active on facebook, youtube, etc… and your contents are on the first page of google on every local issue.

11. It is the contents, stupid!

The goal is not to put on line as much texts and videos as you can. If it is just boring propaganda, it will have no political impact, and nobody will promote and share it. Focus your energy and budget on few contents, but contents that will have a strong impact, emotional or rational. Become a professional of video and dataviz production. There are so many contents on the Net. If you want your content to go out from the black hole and reach people; it has to be strong; and it has to be promoted with large e-mailing and e-marketing.

11.1 Be quick or be dead

The best political contents are often related to news. So you should be quick to react to the news with the good content, because most of the political controversies will not last more than a few days.

11.2 Don’t be evil

Do not waste your time and budget on negative contents. People don’t like it. And if you are taken with your hands in the mud, you will get a shit storm. If you have some piece of valuable political information (avoid personal stuff) against your opponent, tell it with humor, be funny; and let your supporters carry the stuff. It will be much more efficient.

12. It’s the database, stupid!

If you do not have a large database of supporters and sympathizers, you will not get far. Not trafic, no buzz, no grassroots, nothing. Most of your nice contents will stay unknown and your grassroots actions will stay limited. So, one of the most important thing is caring about growing your database. It takes time and money. So you should care about this issue a (very) long time before Election Day, and save at least 50 % of your e-campaign budget for e-marketing (google and facebook ads mostly). 

13. Transparency is not an option

Do not lie, do not fake it. With Internet, most of the times, people will know. So don’t take the risk.

Do not hesitate to share your strategy and tactics with your supporters. It is the best way to include and motivate them to get into action. If they feel it is their campaign, as much as yours, then you will get an army of Davids.

14. Put your web people in the heart of your campaign headquarters & direction committee

Internet is more than a communication tool. It is the nervous system of your organization. It has to be very reactive on news. If you want your strategy and actions to enjoy the added value of the Internet, you have to have a web boy inside the war room. And he is not reporting to the communication director, but to the general manager of the campaign. If not, it will just be another tool that you think about when everything else is done. It will just be another useless gadget.  

15. Avoid shiny gadgets

An e-campaign must be mainstream. Most of the times, it means to be “low tech”. Remember, the geeks are not your main electoral target. They will not vote for you anyway (except if you are libertarian or anarchist ;-)). I know: having an iPhone app is so cooool. And the journalists just love to do articles about the use of the latest technology in politics. But it will note give you any more vote. And it will surely reduce your e-marketing or grassroots budget.

16. Involve your candidate

If you want to give momentum to your e-campaign, your supporters must see that the candidate and top executives of the campaign strongly rely on the Internet and engagement of their supporters. The candidate must address to the supporters, with videos and e-mails, to encourage them to get into action. If not, the momentum will be much weaker.

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If you follow these principles, whatever the context, and if you care enough about the execution (the best strategy is nothing without a good execution), you should do good. Of course, an efficient e-campaign will never compensate a poor candidate or a wrong political strategy. But in a tight race, it may create a momentum that will make a difference and build your victory. So you should better be at your best in that field, because those who will neglect their e-campaign will soon have no chance to win.

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PS: This is work in progress. I may have forgotten important principles. I will be very happy to receive new ideas from readers. And also, corrections of my rusty French English. Thanks for your indulgence.

Credits: I thank AMP Summit (especially Jonah Seiger), Bruno Walther and David Plouffe (« The audacity to win« ) for inspiration

Nicolas Sarkozy va garder François Fillon à Matignon, j’en prends le pari !

Les risques d’un changement de Premier Ministre sont nettement supérieurs aux gains espérés.

Les conséquences d’une erreur de casting à moins de deux ans de l’élection présidentielle seraient (trop) significatives. On se souvient des précédents avec Dominique de Villepin, Pierre Beregovoy ou Edith Cresson, qui n’ont pas été de franches réussites car choisis pour de mauvaises raisons : éviter et contrer Nicolas Sarkozy, limiter les dégâts, ou faire un pseudo coup politique.

Pour surmonter ce risque politique, il faudrait qu’une personnalité s’impose et représente un gain politique substantiel et assuré. Or aucun des prétendants actuels n’apporte de garanties en terme de compétence et de gain politique, ni même de loyauté, bien au contraire. La plupart semblent trop légers et viennent du Centre ou de l’aile chiraquienne de la majorité. 

A l’inverse, François Fillon n’est pas usé, faute d’avoir servi. Il est même plutôt populaire, notamment auprès de l’électorat que Nicolas Sarkozy a besoin de remobiliser. En effet, sa personnalité semble équilibrer les défauts qui sont reprochés, à tort ou à raison, au Président, et qui sont au cœur de son impopularité relative actuelle. Il y aurait donc un grand risque à le démissionner, qui plus est sans raison apparente. Cela pourrait être mal perçu par l’électorat UMP, comme un « caprice » de convenance, un « règlement de compte personnel », ou un coup politique maladroit (souvenez-vous, la dissolution de 1997…), ce qui ne ferait que confirmer les défauts imputés par l’opinion à la personnalité et au style de management du Président.

Au total, en changeant de premier Ministre, le Président prendrait de grands risques pour un gain politique à priori imperceptible. C’est pourquoi, d’un point de vue rationnel, il est plus que probable qu’il conservera François Fillon.

J’en fais le pari, sur PariActu.com, bien sur 😉

Si vous avez une autre conviction, faîtes la connaitre ici.